Inside La Place – L’héritage de deux familles, créant des vins d’exception depuis des générations

 Manuel Louzada 

Directeur Général

En poste depuis 2019

ALMAVIVA

Puente Alto, Chile


Gerda : Vous avez déclaré une fois lors d’une interview que la créativité est l’énergie la plus puissante que vous possédez. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous…

Manuel Louzada : Je suis né au Portugal au sein d’une famille qui se consacre depuis plusieurs générations à l’industrie du vin. Mon grand-père, vigneron, m’a permis de déguster quelques vins dès l’âge de 5 ans. À partir de ce moment, j’ai su exactement ce que je voulais faire dans le futur : travailler dans le domaine viticole. Finalement, ma famille et moi avons déménagé en Espagne, où j’ai poursuivi mes études en agriculture et en œnologie. Aujourd’hui encore, je ressens des frissons pendant la vendange et lors des assemblages, deux moments exceptionnels de créativité, faisant partie de la création d’un vin unique, qui me procurent une énergie si gratifiante, qui est finalement l’essence de ma vie.

Je suis revenu au Portugal pour travailler dans l’entreprise familiale, ce qui s’est avéré être une période merveilleuse de ma vie. Pendant ce temps, j’ai eu l’opportunité de tout faire, du travail en laboratoire à la participation à la vendange et à la vinification. Cela m’a permis de consolider mes connaissances théoriques grâce à l’expérience pratique. Après quatre ans, j’ai décidé de pousser ma carrière plus loin et j’ai rejoint la prestigieuse entreprise LVMH. Travailler au sein de ce groupe a été une expérience exceptionnelle et intéressante, tant sur le plan professionnel que personnel. Bien qu’elle ait présenté divers défis, nous avons également eu de nombreuses opportunités de viser l’excellence en représentant les marques exceptionnelles du groupe.

Puis, en 2019, j’ai reçu un appel téléphonique inattendu avec une proposition incroyable : devenir le directeur général d’Almaviva. C’était comme une opportunité de rêve, une de celles que l’on ne peut tout simplement pas refuser.

Gerda : Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés personnellement dans la pratique de votre métier ?

Manuel Louzada : Je crois qu’il existe plusieurs défis auxquels nous sommes constamment confrontés. Le premier est toujours lié à l’expression et à l’interprétation de chaque millésime, car c’est un apprentissage permanent qui prend en compte non seulement les conditions particulières de chaque millésime, mais aussi la manière de l’exprimer dans cette quête permanente de l’élégance. Le deuxième est lié à la nécessité continue de se tenir au courant de toutes les évolutions qui se produisent dynamiquement dans l’élaboration du vin. Et enfin, mais non le moindre, il est évident que l’un des défis auxquels je suis confronté quotidiennement est lié à ma personnalité. Je suis profondément passionné par mon travail et très dynamique dans mon approche. Le véritable défi réside dans le fait d’aligner mon équipe sur le même niveau de passion et d’énergie. Cependant, je me considère chanceux d’avoir une équipe exceptionnelle à Almaviva qui embrasse pleinement notre vision, et ils me mettent également au défi sur ces aspects.

J’aime sincèrement ce que je fais, et cela ressemble souvent plus à une passion épanouissante et agréable qu’à un véritable travail.


Le millésime 2021

 

Gerda : Pouvez-vous décrire en quelques mots le millésime 2021

Manuel Louzada : L’année 2021 est indéniablement un millésime exceptionnel et unique, caractérisé par une grande fraîcheur et une expression remarquable du Cabernet Sauvignon, conçu pour vieillir et être apprécié pendant plusieurs décennies. Frais et complexe au nez, il associe la maturité des fruits rouges à des arômes floraux subtils. On y trouve des notes de cassis, de réglisse, puis de violettes. En bouche, l’attaque juteuse est bien équilibrée par une structure délicate et une texture fine avec des tanins doux et polis.


Almaviva aujourd’hui et demain

 

Gerda : Quel positionnement souhaitez-vous pour votre marque ?

Manuel Louzada : Almaviva représente bien plus qu’une simple marque ; elle incarne un vin d’exception. Depuis que j’ai rejoint l’entreprise il y a quatre ans, j’ai compris qu’il s’agit avant tout d’un vin exceptionnel. Aujourd’hui, nous perpétuons la passion des familles Baron Philippe de Rothschild et Concha y Toro. Chaque décision que nous prenons doit tenir compte du patrimoine exceptionnel des deux familles.

Une vision à long terme est cruciale pour l’évolution continue de ce vin d’exception. Bâtir une réputation et atteindre un niveau de prix plus élevé nécessitent du temps et de la dévotion. Nous prenons soin de nos vignes, nous apprenons de notre terroir, de notre climat et des millésimes que nous produisons. Tous ces efforts aboutissent à une expression exceptionnelle de notre vin, contribuant à la réputation unique d’Almaviva. Préserver et renforcer cette réputation exceptionnelle est notre mission principale.

G : En quoi vos vins se distinguent et sont uniques ?

Manuel Louzada : L’essence d’Almaviva réside dans la singularité créée par la collaboration harmonieuse de deux familles historiques du vin. La relation humaine et forte entre ces familles a donné naissance à Almaviva, où deux mondes se rejoignent en parfaite complémentarité. Concha Y Toro apporte avec elle le terroir exceptionnel, car depuis les années 70, ils savent exactement d’où doivent venir les meilleures grappes.

Baron Philippe de Rothschild apporte son savoir-faire précieux et son expertise dans la culture de nos vignes, dans la vinification, ainsi que dans l’assemblage. Ces éléments sont vraiment uniques et confèrent à Almaviva la capacité d’exprimer parfaitement le terroir avec élégance et une personnalité distinctive.

: Quelles réalisations récentes souhaiteriez-vous partager avec vos clients ?

Manuel Louzada : Aujourd’hui, la priorité absolue en matière de vinification est de transmettre avec précision le caractère singulier du terroir de Puente Alto dans le vin. Le millésime 2021 reflète un style distinctif avec une vivacité, une fraîcheur et une élégance particulières. En collaboration avec Michel Friou, directeur technique d’Almaviva, et l’équipe, nous avons réussi à atteindre cet objectif, renforçant ainsi la raison d’être et la signification de ce que nous faisons chaque jour à Almaviva.

Toute l’équipe a apporté des efforts, tant petits que significatifs, pour contribuer à la réalisation de la création de l’un des vins les plus exceptionnels au monde. Faire partie de ce projet est une sensation incroyable, et cela ressemble vraiment à un rêve devenu réalité.

G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ? (Techniques, marketing, ou commerciaux)

Manuel Louzada : Consolider et continuer à développer notre vignoble est le projet le plus important et le plus significatif que nous entreprenons. Ce processus continu exige notre dévouement et notre concentration inébranlables, nous y consacrons 200 % de nos efforts.

Chaque jour, ma principale préoccupation tourne autour de la manière dont nous pouvons encore faire évoluer et mettre en avant l’expression de cet endroit exceptionnel. Nous sommes entièrement engagés dans cette mission, ne laissant aucune pierre non retournée dans notre quête pour mettre en valeur l’essence unique et remarquable de notre vignoble.

G : Où en êtes-vous en matière de « transition écologique » sur vos propriétés ?

Manuel Louzada : Je crois fermement en l’engagement absolu, à la fois professionnellement et personnellement, envers l’environnement. Il est de notre devoir de montrer de la gratitude et de prendre soin de manière responsable des précieux dons de Mère Nature. À Almaviva, nous sommes entièrement dévoués à la préservation et à la protection du vignoble et de son environnement. Dans cette optique, nous travaillons activement à l’obtention de la certification biologique pour notre vignoble dans les trois prochaines années.

Le deuxième projet sur lequel nous sommes profondément concentrés est la réduction de notre empreinte carbone et de notre empreinte hydrique. Conscients de la valeur croissante de l’eau et de sa rareté, nous devons prendre des mesures pour en utiliser moins. Nous considérons cela non seulement comme une option, mais comme une obligation pour contribuer à la préservation durable de notre planète.

 


Le commerce

 

Gerda : Almaviva a été l’un des premiers vins « hors-Bordeaux » à être commercialisé à travers la Place de Bordeaux en 1998, et de nombreux autres ont suivi depuis. Quelle est la valeur ajoutée de la Place de Bordeaux pour Almaviva ?Manuel Louzada : Être vendu via la Place de Bordeaux est une partie intégrante de notre ADN, grâce à l’héritage de Baron Philippe de Rothschild. Ce modèle commercial est profondément enraciné dans nos valeurs, et il ne fait aucun doute que c’est et que cela restera la bonne voie. Almaviva a l’honneur d’être le premier vin non-bordelais à être largement distribué grâce à ce système. Il s’est avéré être un système exceptionnel et efficace, en particulier pour les vins les plus raffinés du monde. Nos maisons mères ne reçoivent qu’une petite allocation à vendre directement via leur propre réseau de distribution.

G : Quelles sont vos priorités commerciales ? 

Manuel Louzada : En regardant le monde aujourd’hui, de nombreux changements ont eu lieu et d’autres suivront. L’ère post-Covid, les conflits en cours en Europe de l’Est et les changements politiques en Chine et à Hong Kong créent un environnement dynamique qui demande une attention quotidienne.

Élargir notre réseau de distribution est une priorité clé, et explorer les opportunités en Asie du Sud-Est, dans des pays comme Singapour et le Vietnam, ainsi qu’en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Inde et en Afrique, est crucial pour gagner en reconnaissance et étendre votre portée mondiale. Il ne s’agit pas seulement de chiffres, il est également essentiel de se concentrer sur la construction d’une forte présence dans ces régions afin d’établir des relations significatives avec les clients et les passionnés.

Le fait de susciter de l’intérêt de la part de pays européens comme la Suisse, l’Allemagne et l’Angleterre est un signe positif, mais l’objectif devrait également être de renforcer la distribution dans les pays nordiques. De plus, explorer le potentiel des marchés d’Amérique latine, comme le Pérou, avec sa gastronomie exceptionnelle, est une démarche stratégique qui peut ouvrir de nouvelles opportunités pour votre marque.

Il faut être dynamique sur les marchés qui sont importants aujourd’hui et sur ceux qui le seront demain dans une industrie vinicole mondiale en constante évolution.

G: Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?

Manuel Louzada : Le vin a une manière unique de rassembler les gens, de favoriser les conversations et de créer des expériences inoubliables. Il porte en lui l’essence du vignoble, le savoir-faire et la passion des vignerons. Partager ces aspects en personne renforce le lien émotionnel et améliore l’appréciation du vin et de la marque. Lors d’un moment mémorable, il y a toujours un verre de vin impliqué.

G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?
Manuel Louzada : J’aimerais mentionner mon expérience personnelle avec le millésime 2003. Je l’apprécie énormément. Le style recherché par Patrick Léon, l’un des seuls trois œnologues de toute notre histoire, qui a fait un travail fantastique pour Almaviva, était plus concentré avec davantage de bois neuf. Des millésimes comme 2003 nécessitent un vieillissement en bouteille plus long pour révéler toute leur complexité tout en conservant une élégance parfaite. Le millésime 2003 est maintenant prêt à être dégusté. Malheureusement, le vin n’est pas disponible sur le marché.

En pensant à des millésimes plus récents, je voudrais mentionner 2010 et 2015. Ils sont tout simplement… parfaits ! Ils ont une vivacité et une fraîcheur qui réveillent le palais.

Almaviva crée toujours une explosion de nuances aromatiques et il a une structure élégante qui se tient sans être lourd. Il a une longue persistance olfactive du fruit.

G : Le millésime 2021 a été mis en marché le 6 septembre, avez-vous prévu d’autres sorties de millésimes plus anciens dans un avenir proche ?

Manuel Louzada : Nous avons quelques projets, encore en discussion, mais je pense qu’il serait trop prématuré à ce stade de fournir davantage d’informations. La sortie du 6 septembre est notre principale préoccupation pour le moment.


La bouteille de coeur de Manuel Louzada

 

Gerda : Si vous aviez une seule bouteille de cœur ? 

ML : Difficile de mentionner une seule bouteille, mais si je dois laisser parler mon cœur, je pense à toutes les bouteilles des années de naissance de mes enfants : le Krug 1988, l’année de naissance de mon fils Pedro, La Grande Dame Veuve Clicquot rosé 1995, l’année de naissance de ma fille Maria, et le Cheval Blanc 1998, l’année de naissance de mon fils Manuel. Et… le vin de Porto de 1897 de la propriété familiale. Penser à ces merveilleux vins me donne encore des frissons.

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.