Inside La Place – Bordeaux 2022, La Résilience

INSIDE La Semaine des PRIMEURS avec GERDA

Gerda : Au cours de cette semaine de découverte et de dégustation des Primeurs 2022, j’ai beaucoup réfléchi à toutes ces évolutions très visibles au sein des propriétés bordelaises, qui touchent tous les aspects du métier, de l’agronomie à l’œnologie.

Le climat de 2022, c’est comme si nous nous projetions dans le futur, avec des conditions de chaleur et de sécheresse jamais connues auparavant. Et malgré cela, Bordeaux produit les meilleurs vins de son histoire moderne.

Nous devons rendre hommage aux vignerons visionnaires qui savent que nos cépages bordelais ont encore un bel avenir en dépit de ces changements climatiques. Ayant vécu dans cette magnifique région bordelaise pendant plus de 25 ans, c’est également le mot « admiration » qui m’est venu à l’esprit au cours des dégustations. C’est une admiration pour la belle plante qu’est la vigne. Elle est intelligente et a su s’adapter lorsque les vignerons ont pris les bonnes décisions pour préserver sa vitalité, redonner vie aux sols et la protéger des fortes chaleurs ou des coups de soleil.

Alors, un grand BRAVO, car cette saison a été rude et difficile.

Dans le texte suivant, je vous présente un aperçu du millésime 2022 afin de bien le comprendre et de se préparer pour la campagne commerciale à venir.

Gerda : Cette année, 7 000 professionnels du vin, représentant 77 nationalités différentes se sont inscrits aux dégustations organisées par l’Union des Grands Crus. Nos clients asiatiques sont de retour après trois ans d’absence. 

Les organisations au sein des châteaux étaient parfaites et ce fut un plaisir d’échanger quelques mots avec Noémie et Constance Durantou, Marielle Cazaux, Edouard Vauthier, Charlotte Bouygues, Saskia de Rothschild et Alexis Leven-Mentzelopoulos, qui ont servi leurs vins et en ont parlé avec passion. Partout, les propriétaires, directeurs techniques, commerciaux et les équipes étaient présents pour nous accueillir. Un service voiturier était même proposé au Château Nénin. Pour illustrer la précision et l’attention qu’ont les propriétés envers les clients reçus, j’ai découvert un mot de Jean-Guillaume Prats laissé sur le tableau de bord de la voiture après avoir dégusté ce remarquable Léoville Las Cases 2022 (photo). 

 

Gerda : Daniel Cathiard, du Château Smith Haut Lafitte, nous a divertis lorsqu’il a mentionné, dans son discours de bienvenue à la Fête du Bontemps, que l’intelligence artificielle ne pourrait pas remplacer les arômes, les goûts et les émotions associés au vin.

Diner de la Commanderie au Château Simth Haut Lafitte – 27.04.2023


Notre synthèse du millésime 2022 par RCA

Est-ce que 2022 est meilleur que la trilogie 2018, 2019 et 2020 ? Il y a, sans aucun doute, des vins somptueux. À ce stade, ce millésime paradoxal est différent des autres millésimes exceptionnels de l’époque moderne. C’est cette différence qui rend nos vins fascinants et, comme nous le disons en douce France, tous les goûts sont dans la nature.

Avant de laisser la parole aux experts, voici un résumé du millésime.

La climatologie du millésime

La récolte et les vendanges

La dégustation des vins

Le contexte économique

La climatologie du millésime

Le 2022 à Bordeaux a été caractérisé par une période chaude et sèche, mais il n’a pas été le millésime le plus chaud jamais enregistré. Les températures nocturnes plus fraîches ont aidé la vigne à résister à la sécheresse. Les pratiques viticoles ont également contribué à la résistance de la vigne, notamment l’enracinement de la vigne en profondeur et les changements dans la gestion des sols. Les terroirs riches en argile ont été plus productifs en raison de leur capacité à retenir l’eau. Les pluies orageuses en juin ont également aidé à atténuer la contrainte hydrique. Dans l’ensemble, 2022 a été qualifié de « hors norme et paradoxal », car il a donné des vins équilibrés malgré un climat excessif.

La récolte et les vendanges

Les rendements ont varié considérablement en raison de la grêle dans certains secteurs, mais surtout en raison de la sécheresse. Les sols avec peu de réserve en eau ont eu des rendements globalement faibles, mais les sols argilo-calcaires ont été corrects dans l’ensemble. Bien que certains sols pauvres en argile et les jeunes vignes aient subi une légère baisse de production, dans l’ensemble, les rendements ne sont pas mauvais. Toutefois, les baies étaient petites et avaient des peaux épaisses, ce qui a entraîné une faible quantité de jus. Cela a donné aux vins une structure tannique bien intégrée.

 

La dégustation des vins primeurs 

Le millésime 2022 a produit des vins exceptionnels à Bordeaux. Les vins ont une grande complexité au niveau du nez, avec des arômes fruités, une fraîcheur et une pureté marquées, ainsi qu’une structure tannique volumineuse, douce, souple et énergique. Les vins ont une profondeur qui leur confère une sensation sombre et intense. Les rouges sont fruités, avec une concentration tannique impressionnante, mais sans dureté. Leur caractère savoureux est remarquable. Les vins blancs sont tendres, légèrement acides mais aromatiques. Les vins liquoreux sont puissants et purs, avec un équilibre porté par leur richesse en saveurs. En somme, le millésime a produit des vins uniques et pluridimensionnels.

 

Le contexte économique

En dépit des incertitudes actuelles, les marchands prévoient une forte demande pour les vins de 2022. Les vins primeurs sont généralement achetés par des consommateurs-investisseurs et des distributeurs de vin avant leur mise en bouteille, afin de garantir des prix compétitifs et des quantités suffisantes. Les propriétés viticoles ont de grandes ambitions pour les prix de ce millésime exceptionnel et hors normes. La force de la marque, et la qualité du vin, seront des facteurs décisifs pour les acheteurs, qui prendront, plus que jamais, des décisions d’achat étiquette par étiquette.


L’oeil des experts

Trois personnalités nous éclairent sur leur vision du millésime :

  • Hubert de Boüard, Directeur HdB Consulting et Œno-lab, Co-propriétaire d’Angélus
  • Thomas Duclos, Consultant Œnologue
  • Axel Marchal, Professeur à l’Université de Bordeaux et Consultant en Œnologie

Gerda : Comment la vigne a-t-elle pu résister à la sécheresse de 2022 ?

Hubert de Boüard : L’année 2022 a été caractérisée par une période chaude et sèche, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’était pas le millésime le plus chaud jamais enregistré. Selon nos sources, l’année 2003 a connu des températures plus élevées en été, tandis que les années 2009 et 2010 ont présenté davantage d’excès de température. La vigne a toutefois réussi à résister grâce à trois paramètres clé. Premièrement, l’année 2021 a été très humide, ce qui a permis de constituer une importante réserve d’eau dans le sol. Deuxièmement, au cours des dix dernières années, la manière de travailler le sol a considérablement évolué, notamment en termes de couverture végétale. Ce changement a favorisé l’enracinement de la vigne en profondeur. Enfin, la baisse des températures nocturnes a contribué à atténuer les effets de la sécheresse sur le millésime.

Thomas Duclos : Il est indéniable que la viticulture bordelaise a connu une amélioration ces dernières années, avec des choix plus raisonnés et une réduction significative du caractère systématique. Les pratiques de gestion des sols et des surfaces foliaires tendent à renforcer la résistance aux conditions climatiques extrêmes. Toutefois, il est également légitime de s’interroger sur la capacité de la vigne à résister. En effet, au cours de la dernière décennie, elle a dû s’adapter à des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. Personnellement, je suis convaincu que la vigne a appris à se contenter de moins d’eau à condition que son régime d’irrigation soit constant.

Axel Marchal : Bien que la période sèche n’ait pas été continue, les pluies orageuses en juin ont permis d’atténuer la contrainte hydrique. Ensuite, les pratiques viticoles ont été adaptées et on peut penser, sans toutefois en être sûr, que la succession des millésimes secs et chauds a permis à la vigne de mieux appréhender les conditions extrêmes de 2022. Enfin, le comportement de la vigne a été fortement influencé par la nature des sols, les terroirs argileux et surtout argilo-calcaires présentant une contrainte hydrique moindre.

Gerda : Qu’en est-il des rendements ?

Hubert de Boüard : Bien que certains sols pauvres en argile et les jeunes vignes aient subi une légère baisse de production, dans l’ensemble, les rendements ne sont pas mauvais. Les zones de Pomerol et de Margaux ont enregistré les plus faibles rendements. Il convient de noter que les baies étaient petites et avaient des peaux épaisses, ce qui a entraîné une faible quantité de jus. Toutefois, cette particularité a donné aux vins une structure tannique bien intégrée.

Thomas Duclos : Lorsqu’il y a une insuffisance d’eau, les baies produites par les vignes sont plus petites, ce qui se traduit par une production moindre de vin. Les terroirs riches en argile ont été plus productifs en raison de leur capacité à retenir l’eau.

Axel Marchal : Ils varient considérablement, notamment en raison de la grêle dans quelques secteurs, mais surtout en raison de la sécheresse. Les sols avec peu de réserve en eau ont eu des rendements globalement faibles (notamment les sols de graves), mais les sols argilo-calcaires ont été corrects dans l’ensemble.

Gerda : Quel est le style des vins de 2022 ?

Hubert de Boüard : D’après nos sources, il est exceptionnel et combine tous les styles des grands vins. Le millésime offre une grande complexité au niveau du nez, avec des arômes fruités, une fraîcheur et une pureté marquées, ainsi qu’une structure tannique volumineuse, douce, souple et énergique. En somme, il regroupe toutes les qualités des millésimes exceptionnels classiques de Bordeaux.

Thomas Duclos : Ce qui se distingue dans les vins produits, c’est leur profondeur, qui leur confère une sensation sombre et intense. La véritable surprise de cette récolte est l’équilibre atteint malgré les conditions climatiques extrêmes, élément indispensable pour produire un grand vin. Les vins ont une fraîcheur remarquable et une maturité tannique très agréable qui leur donne une texture soyeuse, même avec une forte concentration de tanins. De plus, ils sont déjà délicieux à boire et montrent rarement des signes de fatigue ou de sur-maturité. Clairement, il s’agit d’un style de vin inédit et surprenant.

Axel Marchal : Le style est unique, avec des vins blancs tendres, légèrement acides mais aromatiques. Les rouges sont fruités, avec une concentration tannique impressionnante mais sans dureté. Leur caractère savoureux est remarquable. Les vins liquoreux sont puissants et purs, avec un équilibre porté par leur richesse en saveurs.

 

Gerda : Enfin, si vous deviez décrire 2022 en un mot ou une phrase, que choisiriez-vous ?

Hubert de Boüard : Il s’agit d’un millésime unique et pluridimensionnel, que l’on ne rencontre qu’une fois dans la vie d’un vigneron.

Thomas Duclos : Pour être un tant soit peu provocateur, cela ressemble à la rencontre entre un danseur de hip-hop et un grand danseur classique, où la musculature est mise au service de l’élégance. Sans cette musculature, le résultat serait différent.

Axel Marchal : Hors norme et paradoxal, car un climat excessif a donné des vins équilibrés.


Je tiens à vous rappeler que notre équipe commerciale vous informera, à chaque sortie de primeurs, des notes attribuées par les journalistes, ainsi que des fiches techniques et des éléments marketing fournis par les domaines viticoles.

L’équipe Roland Coiffe & Associés vous souhaite une très belle campagne Primeurs 

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.