Inside La Place – La versatilité d’Yquem

Mathieu Jullien (gauche)

Directeur Marketing & Commercial

Lorenzo Pasquini (droite)

Directeur d’Exploitation

Rencontrés par Gerda au Château

Château d’Yquem

1er Grand Cru Supérieur Classé en 1855, Sauternes


 

Gerda : À l’approche de la mise en marché du Château d’Yquem 2020, j’ai eu l’occasion de discuter avec Lorenzo Pasquini, directeur d’exploitation, et Mathieu Jullien, directeur marketing et ventes chez LVMH Vins d’Exception (Château d’Yquem, Clos des Lambrays, Château Cheval Blanc, Colgin Cellars). Tout en dégustant un délicieux verre d’Yquem 2020, nous avons discuté de la stratégie commerciale innovante de la maison.

Gerda : L’année dernière, nous avions évoqué la nouvelle politique commerciale appelée Lighthouses mise en place pour dynamiser la consommation de ce vin intemporel qui peut être savouré dans sa jeunesse. La volonté de l’équipe était de permettre à chacun de goûter d’Yquem au moins une fois dans sa vie. Une année après que pouvez-vous en dire ? 

Mathieu JULLIEN : La stratégie est encore en plein développement et nous en sommes très satisfaits. Le programme a attiré de nouveaux consommateurs et a créé des conditions de rencontres superbes, montrant la force du vin d’Yquem qui séduit universellement. Trente Lighthouses ont été impliqués pour le millésime 2019 et cinquante sont impliqués pour le millésime 2020. Ces Lighthouses sont des endroits tels que des restaurants, des bars ou des clubs qui servent d’Yquem au verre d’un millésime de leur choix.

Avant la mise en marché du millésime 2020, nous leur offrons ce nouveau millésime et nous les invitons à servir un verre avant le repas ou le dessert ou bien à un autre moment. L’objectif est de donner la possibilité de découvrir d’Yquem dans sa jeunesse. Bien que la maison apprécie les vieux millésimes d’Yquem, l’équipe souhaite montrer qu’il n’y a rien de sacrilège à boire un verre d’Yquem dans sa jeunesse. Chaque équipe des Lighthouses peut servir d’Yquem comme elle le souhaite. L’objectif est de créer une multitude d’opportunités pour savourer un verre d’Yquem. Boire d’Yquem est toujours une bonne idée !

Nous sommes très contents et fiers des résultats, car nous n’avons pas uniquement créé des conditions de rencontre entre d’Yquem, les Lighthouses et le consommateur mais, à notre surprise, nous avons créé une vraie ligne de revenu pour les restaurants qui nous ont suivi. Cette contribution économique n’était pas l’objectif, mais finalement, c’est du gagnant-gagnant pour tous les acteurs impliqués dans la démarche.

J’aimerais souligner également que toutes les activités ne sont pas basées sur les Lighthouses , c’était la partie la plus sympathique de nos actions commerciales : le partage entre le sommelier, le chef et le consommateur final. La maison a également travaillé en profondeur avec ses partenaires, les négociants de la place de Bordeaux et leurs clients, pour rétablir la confiance dans le marché. De nombreuses animations ont été organisées, et la situation d’Yquem est aujourd’hui dynamique tant sur la Place de Bordeaux que chez les clients et distributeurs.

Gerda : Continuez-vous cette stratégie de Lighthouses, ces partenariats privilégiés avec des adresses exceptionnelles aussi pour le millésime 2020 ? 

MJ : Oui, la stratégie des Lighthouses va être poursuivie avec vingt nouveaux partenaires exceptionnels pour le millésime 2020, portant le total à cinquante.

G : D’Yquem se veut intemporel. Comment voyez-vous d’Yquem dans 10 ans ? Est-il possible de faire l’assemblage parfait entre tradition et modernité ?

Lorenzo Pasquini : Merci pour cette question qui est au centre de nos actions. Nous avons le privilège de vivre une page d’une propriété qui a 400 ans d’histoire et cela implique un respect envers les générations passées et un devoir pour les générations futures. La maison doit être capable de regarder vers le passé avec humilité et comprendre l’histoire tout en étant tournée vers le futur. Il ne faut pas chercher systématiquement les changements mais savoir s’adapter à un monde en perpétuelle évolution. Prendre le meilleur du passé et le transporter au mieux dans l’avenir. C’est pour cela que nous ne touchons rien aux « fondamentaux » et nous sommes très reconnaissants de ce que la famille de Lur-Saluces a pu transmettre. Il y a des éléments historiques que nous gardons et des éléments que nous faisons évoluer. Il ne faut pas figer le domaine mais le faire évoluer en respectant son passé, c’est une évolution sur un temps long.

MJ : Château d’Yquem est une propriété qui a une tradition d’évolution, en restant toujours fidèle à l’ADN de la propriété.

G : D’Yquem est enclin à un univers luxueux et historique, vous sentez-vous investi comme « vin de Sauternes » ? Avec les mêmes problématiques ?

LP : Pas avec les mêmes problématiques mais avec les mêmes opportunités ! Sauternes est une appellation qui représente un patrimoine historique, naturel et viticole unique dans le monde ! Ce patrimoine collectif a pris un nouvel élan avec tous les investissements qu’on voit dans beaucoup de propriétés depuis désormais quelques années. L’appellation est en frémissement et son avenir ne peut être que lumineux !

 

Gerda : Faut-il casser les codes de la communication du Sauternes pour favoriser la consommation ?

Lorenzo Pasquini : Notre stratégie est d’ouvrir des nouvelles possibilités de déguster un verre d’Yquem. Dans son expression jeune comme au fil du temps mais aussi avec une variété de plats, allant du poulet rôti, une tradition culinaire du Sud-Ouest de la France, jusqu’aux plats épicés d’Asie du Sud-Est, ou même hors repas, devant un beau coucher de soleil ou avec un cigare au coin d’un feu. D’Yquem est universel et peut s’associer à une multitude d’occasions qui vont bien au-delà des accords classiques.

Mathieu JULLIEN : Il y a tellement de possibilités que le monde ne connaît pas encore assez. Il ne s’agit pas de casser les traditions mais d’élargir le champ des possibilités.

: L’année dernière, vous nous avez parlé de la conversion biologique d’Yquem, mais ce n’est pas le dernier pas. Que sera donc le prochain ?

LP : Nous avons terminé la conversion l’année dernière et le millésime 2022 sera le premier officiellement certifié BIO. Nous en sommes fiers mais nous sommes convaincus que nos démarches agroécologiques et socio-écologiques iront encore plus loin. En travaillant sur notre empreinte carbone par exemple. Pour cela, nous travaillons de plus en plus avec des tracteurs électriques. Ou bien en matière de responsabilité sociale, d’Yquem dispose déjà de 24 logements pour les employés et en créera six de plus. Les employés bénéficient d’un assistant social, d’un professeur de sport et d’une cantine. Nous accompagnons également les employés pendant leur maternité/paternité et avons créé une formation avec d’autres propriétés de Sauternes pour former les vignerons/vigneronnes de demain. Enfin, notre équipe de vendangeur n’est composée que de personnel local, souvent des retraités ayant fait leur carrière à d’Yquem ou alors des proches de nos employés qui ont l’habitude de revenir chaque année.   Notre philosophie est basée sur le respect du lieu et la préservation de la communauté qui fait vivre et perdurer notre savoir-faire, si cher à d’Yquem.

MJ : Au-delà du miracle de la pourriture noble, qui se manifeste chaque année, on prend soin d’entretenir et de transmettre le savoir-faire nécessaire pour élaborer d’Yquem, ancré depuis plus de 400 ans.

: Vous nous avez aussi parlé d’un projet architectural pour faire encore plus rayonner la propriété, ou en est votre projet ? 

LP : Le projet se déploiera sur les 3 prochaines années, mais nous ne rajouterons pas de bâtiments car nous ne souhaitons pas changer le visage d’Yquem. Il s’agit de plusieurs petites interventions pour faire rayonner encore plus cette magnifique propriété. Nous prévoyons notamment le déplacement de l’accueil, la création d’une grande salle pour accueillir 200 personnes, ainsi que la construction de deux terrasses devant le Château afin de donner la possibilité à nos visiteurs de déguster un verre d’Yquem tout en admirant ce magnifique paysage qui nous entoure.

: Pourriez-vous nous dire quelques mots sur le millésime 2020 ?

LP : C’est un d’Yquem plein de délicatesse, qui est très pur, s’exprimant dans sa jeunesse sur des notes de pêche blanche, abricot frais et de poire mais aussi des arômes florales type fleurs de tilleul et d’églantier. Le botrytis est à ce stade encore un petit peu en retrait et il va apparaître au fil du temps. Il a un équilibre soyeux qui s’articule sous quatre dimensions : la sucrosité qui est la base du toucher de bouche, l’acidité qui donne une belle fraicheur et puis une dimension de salinité et d’amertume qui donne énormément de longueur et légèreté. C’est une sucrosité aérienne et éthérée qui rend ce 2020 très soyeux et déjà très buvable et donne tout son sens aux messages que nous souhaitons partager : d’Yquem est universel et capable de séduire dans sa jeunesse mais invite aussi au voyage dans le temps.

G  : Pour vous, quel détail rend un verre d’Yquem inoubliable ?

LP : Ce serait son équilibre, une construction autour d’une complexité des arômes et d’une dimension gustative aérienne.

MJ : Je voudrais rajouter le mot persistance, comme disait Sacha Guitry « le silence qui suit une pièce de Mozart… c’est encore du Mozart »

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.