Inside La Place – Le plus beau vin, je le ferai demain

Olivier Bernard (gauche)

Propriétaire

Rémi Edange (droite)

Directeur adjoint

Rencontrés par Gerda au Domaine

Domaine de Chevalier

Grand Cru Classé de Graves

Pessac-Léognan


 

Gerda : Parlez-nous de vous…

Olivier Bernard : Je suis passionné, engagé et au service de mes vins. Ma philosophie profonde est « le plus beau vin, c’est celui que je ferai demain ». Je pensais avoir fait le plus grand vin de ma vie en 2010, mais le millésime 2018 a été encore plus fantastique, et le 2020 n’est pas loin… La quête de l’excellence n’est jamais finie : « The sky is the limit », je n’ai pas de limites.

Rémi Edange : Je suis un passionné de nature, une âme sauvage. J’aime les grands vins qui dévoilent la beauté pure et naturelle des grands terroirs préservés.

Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?

Olivier Bernard : Cette intimité avec la nature… elle est plus forte que tout. Elle nous perturbe et en même temps elle nous adore, c’est comme une jolie femme. En quelques jours, nous avons reçu 24 mm, un vrai cadeau du ciel. Nous avons avec la nature un vrai attachement, une relation intime, parce que si elle nous donne un grand et beau fruit, nous pourrons faire un grand vin. Nos équipes doivent faire preuve d’une formidable capacité d’adaptation, nous avons vécu un mois de mai en 2022, à l’opposé de celui de 2021 !

Rémi Edange : Notre défi quotidien est d’essayer de comprendre au mieux la plante, le sol et leur symbiose. Au quotidien, nous sommes soucieux du bien-être de la plante. La santé de notre vignoble est géniale : 2021 en a été la preuve. Notre philosophie est de rester connectés avec le terroir afin de prendre les décisions les plus adaptées et les plus justes pour être en harmonie avec cette symbiose.

 


2022 : Un Grand Millésime pour l’Histoire

 

Gerda : Comment avez vous vécu vos dernières vendanges? 

Ce grand millésime fera date dans l’histoire du Domaine de Chevalier.

2022 restera dans les mémoires comme un millésime d’exception, sous un soleil quasi permanent et sans précipitations significatives ! Cette climatologie unique, ensoleillée, chaude et sèche, a donné des fruits et des vins d’une intensité qualitative exceptionnelle. Une mention toute particulière pour les Sauvignons blancs et pour les Cabernets Sauvignons, cépages rois de nos terroirs, qui sont sublimes.

La qualité de notre terroir frais, la profondeur des racines, nos choix culturaux en bio et biodynamie ont participé à une excellente résilience écologique du vignoble.


La marque Domaine de Chevalier aujourd’hui et demain

 

Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?

Olivier Bernard Il faut que l’image et le positionnement reflètent la qualité du vin, ils doivent être en phase. Si tu produis un grand vin et que tu le vends au bon prix, tu as toujours un amateur en face de toi. Le prix est une composante équilibrée du vin : « On fait ce qu’on dit et on dit ce qu’on fait ».

: En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?

Rémi Edange : Nos vins, vinifiés sans excès, proviennent d’un terroir unique et remarquable. La vigne y produit des fruits qui mûrissent lentement et totalement. Ils s’expriment avec une grande finesse, de la complexité et de l’élégance, dans une grande fraîcheur minérale. Tout ce que l’on retrouve dans nos vins. La signature terroir est forte.

Olivier Bernard : Notre terroir est dans la forêt, un écosystème formidable. L’agroforesterie est omniprésente dans notre territoire : la forêt est un lieu naturel non traité. Nous avons au Domaine de Chevalier, une intimité entre la vigne et les arbres. Notre vignoble est un des points le plus haut de Léognan, à 55 m, naturellement plus frais. Dans le passé, cette fraîcheur représentait un challenge dans l’obtention de la maturité pour les rouges, mais avec le réchauffement climatique les paramètres ont changé, c’est devenu un avantage. Nos fruits mûrissent totalement tout en gardant de la fraîcheur, c’est une force pour nos vins.

Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?

Olivier BernardLe challenge du bio, sincèrement, c’est un vrai sujet. Ce n’est pas du bla, bla, c’est un engagement. Dans les années 80, nous avions de très jolis vins, à l’aromatique moins expressive et aux tanins un peu austères. Actuellement, les données climatiques différentes et le travail bio donnent une expression aromatique plus fruitée et plus explosive, des tanins plus souples. Les vins sont aussi plus floraux, cette délicatesse naturelle s’exprime ! Les vins sont précis, plus complets sans être dans le « trop ». Nous recherchons cet équilibre qui permet une magnifique expression du fruit, de la complexité, et de la pureté du goût. Pas de place à l’excès, tout mais rien de trop.

Au moment des vinifications, les lots de raisins sont si différents, j’adore. Cette diversité se retrouvera à l’assemblage sous forme de complexité. Si l’homme impacte trop par son travail (températures ou extractions exagérées) les nuances du fruit seront masquées. On aime le respect du fruit au service du vin !

Rémi Edange : La santé de nos vignes se retrouve dans nos vins. Nos vins actuels sont plus rayonnants, avec une certaine gaîté aromatique ; ils ont de l’énergie et de la pureté. Le travail des vignes et le travail du chai sont liés au même objectif : l’expression totale du fruit.

: Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?

Olivier Bernard : Nous sommes toujours en mouvement. En ce moment, nous faisons évoluer nos packagings pour mieux refléter l’évolution qualitative de nos vins. Cela passe par l’amélioration des bouteilles, des étiquettes, etc…. Une remise en question permanente. Nous avons aussi un projet de développement oenotouristique avec la rénovation d’une orangerie qui sera dédiée à l’accueil de nos visiteurs : un lieu de vente, de partage, de convivialité afin de répondre aux attentes de nos consommateurs (clients). Pourquoi pas un repas : de très nombreux visiteurs du monde entier viennent nous voir et nous souhaitons qu’ils aient la possibilité de ramener un souvenir de leur moment passé avec nous.

: Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?

Olivier Bernard : Nous sommes en conversion Bio et nous pratiquons en plus une biodynamie très pragmatique pour l’amélioration de la vie de nos sols et du bien-être de nos vignes. Le meilleur fruit est le fruit naturel. Cette philosophie de production nous a permis de passer une marche supplémentaire : nous avons développé et amélioré notre environnement pour la vigne. Cela nous a permis d’avoir une dimension supplémentaire. En 2016, nous avions déjà 100 Ha en bio et biodynamie, nous faisons « step by step ». Actuellement, ce sont plus de 200 hectares en Bio. C’est une démarche en adéquation avec notre philosophie et notre volonté de mettre la qualité du fruit au cœur de nos préoccupations afin de réaliser le meilleur vin possible.


Le commerce

 

Gerd: Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ? 

Olivier Bernard : Nous souhaitons que nos vins soient présents partout (USA, Asie, Europe et bien sûr en France) toujours avec une distribution de haute qualité. Nous cherchons à connaître davantage nos clients, leur distribution, sans être intrusifs. Nous devons trouver un équilibre entre la marque et la distribution, une ligne d’équilibre entre la propriété et le négoce. Il faut tout savoir sans entraver le business !

G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ? 

Olivier BernardD’abord la qualité reconnue du produit par les grands spécialistes. Les notes sont des marqueurs majeurs qui reflètent la qualité de nos vins. Nous avons eu d’excellentes notes en 2021, une formidable récompense du travail accompli pour la réussite de ce millésime. Ensuite, nous soignons le packaging de nos vins afin de créer le désir d’acheter et de refléter au mieux notre philosophie. Nous avons une formidable équipe de 4 personnes qui voyagent pour nos propriétés : Rémi, Adrien, Hugo et Olivier. Nous accueillons aussi plus de 15 000 visiteurs par an. Nous aimons répondre aux demandes de nos partenaires professionnels pour l’animation des dégustations des vins de nos propriétés.

Nous utilisons aussi des outils de communication : site internet, réseaux sociaux, presse, blog. Nous privilégions le contact et l’accueil, nous aimons beaucoup le faire. Nous aimons sensibiliser les gens et leur faire ressentir l’émotion des saveurs authentiques d’un terroir. La finalité d’un grand vin ce n’est pas la spéculation, c’est le partage, c’est pourquoi nous sommes généreux !

G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?

Olivier Bernard : Domaine de chevalier 2017 : un vrai vin généreux que j’aime partager avec des amis. Je regrette que le marché le sous-estime. Ce 2017 rouge est de grande qualité. Il faut des vins pour chaque occasion et en plus 2017 est un vrai grand millésime de blanc.

Rémi Edange : Domaine de chevalier 2014 : très bonne année, qualité et quantité. Un millésime tellement savoureux et amusant à raconter : « Deux étés pour un millésime ! » Un premier été triste et froid jusqu’au 27 août et ensuite, un deuxième été solaire et sec, été indien record de 60 jours ! Pour les rouges, la maturité a été lente mais totale. La fraîcheur s’est concentrée, les sucres sont montés sans trop de degrés, les tannins se sont affinés. Nous avons lentement vendangé par choix jusqu’au 20 octobre ! Aujourd’hui, le 2014 est déjà très accessible, somptueux de saveurs et encore plein de réserves. C’est un grand vin qui aura une très longue vie dans le délice et la fraîcheur.

G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?

Olivier Bernard Pour la campagne primeurs 2021 nous avons tout d’abord sorti L’Esprit de Chevalier et le Château Lespault-Martillac puis le Domaine de Chevalier. Nous souhaitons que nos vins aient de très bons rapports qualité/prix.

Concernant les grands vins rouge et blanc, nous ne mettons que 75% de notre production en marché. Les 25% restants seront proposés en livrable dans les 10 à 20 ans suivants pour alimenter le marché en millésimes à boire.

Adrien s’occupe de la direction commerciale de nos vins. Il est très connecté avec les courtiers, les maisons de négoce, les principaux acteurs du monde entier. Il aime animer les réseaux, c’est formidable. Hugo a, quant à lui, la charge de la production du blanc sec en Sauternais, au Clos des Lunes. Il gère aussi les problématiques de logistique, de mises en bouteille et des livraisons : planning mises, matières sèches, habillage…. C’est compliqué mais il est très bon ! Il a réalisé un formidable travail, notamment sur les capsules, le caissage bois et carton : Bravo ! Quelle joie de partager de la sorte avec mes deux fils, Adrien et Hugo.

Site Internet et Instagram


La bouteille de cœur d’Olivier Bernard et Rémi Edange

 

Gerd: Si vous aviez une seule bouteille de cœur ? 

Olivier Bernard  : Je suis toujours dans mon adage : « le plus beau vin de ma vie, c’est celui que je ferai demain ». De la même manière, je suis ouvert à accueillir et à découvrir cette bouteille. J’aime les surprises, l’émotion. J’ai la bouche prête, mes sens en attente de cette découverte : je suis plus dans l’avenir que dans le passé.

Rémi Edange : Une bouteille que j’ai goûtée par procuration, tellement le plaisir qu’a eu mon père en la dégustant m’a ému. C’était un Château Clinet 1945. J’avais 7 ans ! Ce jour, et cet événement sont restés gravés dans ma mémoire…

Chai vins rouges (gauche) et le chain vins blanc (droite)


Les vins dégustés

 

L’Esprit de Chevalier blanc 2016 : 75% sauvignon et 25% sémillon

Il a un très joli nez expressif d’agrumes, mais aussi des fleurs blanches. Il a une attaque pleine de vie qui est enrobée. C’est délicieux à boire maintenant mais il a certainement encore quelques années devant lui.

Domaine de Chevalier Blanc 2006 : 85% sauvignon et 15% sémillon

C’est certainement un des plus grands blancs du monde ! C’est un vin qui a tout : la complexité, la générosité et un milieu de la bouche sans être lourd. La classe et le raffinement restent jusqu’à la fin !

Domaine de Chevalier Rouge 1986 : C’est toujours un moment magique de boire un vin qui a 36 ans. Ces arômes de sous-bois, truffes sont frais et délicats en bouche. Ils restent gravés dans la mémoire. C’est un voyage dans le temps avec beaucoup de respect pour les vignerons qui l’ont fait.

Domaine de Chevalier Rouge 1996 : On monte 10 ans dans le temps et on trouve la même typicité de ce très grand vin de Graves mais avec plus de corps, des tannins plus masculins et des notes de mine de craie qui sont fascinantes et qui donnent une très belle longueur et du caractère à ce 1996 !

Domaine de Chevalier Rouge 2016 : 55% cabernet sauvignon, 35% merlot, 5% cabernet franc, 5% Petit verdot

Ce vin est certainement une des plus belles réussites de ce millésime. Grâce à l’été indien et le terroir exceptionnel, le vin est racé et profond. Il a un équilibre parfait et encore un potentiel énorme.

Château Suau, Grand Cru Classé Sauternes : 100% sémillon

Olivier Bernard a pris cette propriété de 6,5 hectares en fermage en 2015. Nous y retrouvons des notes de miel, figues et acacias qui ne sont à aucun moment lourds. La fraîcheur, à laquelle, Olivier et son équipe sont attachés se trouve aussi dans ce vin !

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.