Inside La Place – Une histoire de famille

Stéphanie de Boüard-Rivoal

Présidente et co-propriétaire

Thierry Grenié-de Boüard

Directeur

Rencontrés par Gerda au Château

Château Angélus

1er Grand Cru Classé A

Saint-Emilion


 

Gerda : Parlez-nous de vous…

Stéphanie de Boüard-Rivoal : Je crois être une personne passionnée, méthodique, travailleuse et déterminée, qui est au service de sa famille et de son domaine, et qui a à cœur de magnifier l’héritage de nos aïeux pour mieux le transmettre à nos descendants.

Thierry Grenié-de Boüard : Je suis quelqu’un d’humain, d’équité et dévoué.

Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?

Stéphanie de Boüard-Rivoal : Je distingue deux types de défis parmi ceux auxquels nous faisons face de manière régulière : le premier, essentiellement normatif, tient à notre capacité à appréhender les normes toujours plus nombreuses qui s’imposent aux entreprises (sociales, juridiques, financières, techniques etc.). Le second tient plus à la stratégie de pilotage de l’entreprise, pour en assurer le développement et la pérennité, et notamment sa mise en œuvre au quotidien.

Thierry Grenié-de Boüard : Le fait que malgré tous les efforts, notre métier est faible face à la nature. On a peu ou pas d’emprise sur elle, comme en 2021.

 


La vendange 2021

 

Gerda : Comment se sont passées vos vendanges?

Stéphanie de Boüard-Rivoal : Assez convenablement, si nous faisons abstraction des faibles rendements dus aux attaques de mildiou auxquelles notre vignoble, en conversion à l’agriculture biologique, s’est montré sensible. Le millésime, qui avait démarré dans des conditions pour le moins compliquées, entre épisodes de gel et attaques de mildiou, s’est achevé dans d’excellentes conditions et nous a permis de récolter de beaux raisins. 2021 sera un beau millésime, d’une définition classique qui rappellera les millésimes 2014 et 2015, ou de ces 2012 dont nous sommes, à Angélus, particulièrement fiers.

Thierry Grenié-de Boüard : Comme l’explique ma cousine, les conditions éprouvantes tout au long de l’année ont été compensé par une fin de saison providentielle, qui nous a permis d’amener au chai nos raisins à maturité et parfaitement sains. Chez nous, ce sera un millésime porté par le Cabernet Franc, qui trouvera dans l’assemblage d’Angélus 2021 une proportion rarement atteinte, apportant une aromatique, une structure et une matière très caractéristiques.

 


La marque Angélus aujourd’hui et demain

 

Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?

Stéphanie de Boüard-Rivoal : Nous avons la chance d’avoir à l’heure actuelle une production large, regroupée sous différentes étiquettes de manière cohérente. Angélus est un vin iconique, Carillon d’Angélus une version plus accessible, N°3 d’Angélus est un vin de restauration, et notre nouvelle cuvée, Tempo d’Angélus (Bordeaux) serait davantage le vin du quotidien, le vin de copains qui se livre facilement sans rien céder à la complexité.

Thierry Grenié-de Boüard : Carillon a une vraie identité par les parcelles qui lui sont dédiées. Si Angélus est le joyau, le cœur historique de notre terroir, nous avons pu faire l’acquisition depuis quelques années de parcelles magnifiques. Certaines sont situées sur le plateau calcaire de Saint-Emilion, d’autres sur les graves à l’ouest du village. Leur assemblage permet de peindre le portrait complexe d’un grand Saint-Emilion. N°3 représente l’accessibilité, la générosité du terroir de notre appellation et permet d’apprécier de manière plus précoce la signature familiale. Enfin, notre Tempo permet de jouer avec le registre de tonalités des terroirs périphériques, offrant gourmandise et rondeur, franchise et pureté tel que notre région sait le faire. C’est la porte d’entrée dans le monde d’Angélus.

: En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?

SBR : Angélus se distingue essentiellement par son encépagement élevé en Cabernet Franc, ainsi que par son terroir qui est sans doute l’un des plus beaux terroirs à Cabernet Franc qui existe dans les environs. A tel point d’ailleurs que nous avons voulu magnifier ce merveilleux cépage en créant, en 2016, une cuvée exclusivement composée de Cabernet Franc (« Hommage à Elisabeth Bouchet »). De manière plus générale nous avons la chance d’avoir un vaste vignoble, et une variété de terroirs couvrant tous les types de terroirs que Saint-Emilion peut offrir.

TGB : Nous ne sommes plus que quelques familles à la fois propriétaires et toujours à la direction du domaine. Nous gardons notre âme vigneronne, et espérons le transposer dans nos vins.

Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?

SBR : La création du chai Carillon, à Saint-Magne-de-Castillon : un bâtiment novateur et un formidable outil de travail qui accompagne la montée en gamme de Carillon d’Angélus qui est
dorénavant une entité distincte, à part entière, dotée de son propre vignoble et de son propre chai. Celui-ci permet des conditions idéales pour l’élaboration de cet autre Grand Vin.

TGB : Au-delà de l’outil technique exceptionnel et du geste architectural recherché, le bâtiment s’est voulu novateur dans sa conception, notamment en matière d’économie d’énergie et de confort de travail. Nous pouvons citer l’importance des surfaces vitrées pour optimiser l’éclairage naturel, les panneaux solaires ou encore l’acoustique étudiée pour limiter les nuisances. Le bien-être de nos salariés est pour nous un critère décisionnel important. Cela s’est traduit par l’obtention du niveau « excellent » à la certification BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method).

: Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?

SBR : Nous nous apprêtons à refaire les chais de vinification d’Angélus, pour adapter nos infrastructures à notre nouvelle configuration (vignoble mené en bio, parcellaire plus poussé, vinifications plus douces etc.).TGB : Il faut compter quelques projets techniques en gestation, sur d’autres tonalités que ceux pour lesquelles nous sommes reconnus. Nous aurons l’occasion d’en reparler prochainement.

: Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?

SBR : Notre conversion en agriculture biologique est en cours. La certification a été repoussée suite à l’acquisition de nouvelles parcelles de vignes pour lesquelles il a fallu à nouveau entamer le processus de certification en repartant de zéro. En outre, nous veillons à notre biotope, avec notamment des jachères sur certaines de nos parcelles, l’installation de ruches, de vaches (2022), l’utilisation de l’énergie photovoltaïque, en faisant travailler des chevaux dans nos vignes, et aussi par mille petites choses anodines en apparence mais qui, additionnées témoignent d’une conscience aigüe de notre conception des enjeux environnementaux.

TGB : Une étape très importante sera franchie dans la diminution de la consommation d’eau, sujet incontournable dans la production viticole, avec l’arrivée du nouvel outil de vinification d’Angélus.

 


Le commerce

 

Gerd: Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ? 

Stéphanie de Boüard-Rivoal : Nous souhaitons produire davantage de vin, tout en maintenant le niveau d’excellence de notre production. C’est notamment ce que nous sommes parvenus à faire sur Carillon ces 10 dernières années, en augmentant sensiblement la production tout en parvenant à accroître la complexité et l’élégance du vin. Notre prochain défi consiste à accompagner la montée en cadence de Tempo d’Angélus, cette nouvelle cuvée pour laquelle nous nourrissons de grandes ambitions.

Thierry Grenié-de Boüard : Il nous faut continuer à assoir une distribution équilibrée d’un point de vue géographique. Cela passe par une présence la plus éclatée possible, y compris sur des marchés de niche, afin de mieux maitriser les risques inhérents à une trop forte dépendance à quelques marchés clés. Une de nos fiertés est d’avoir une présence domestique relativement importante.

G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des clients pour connaître vos vins ? 

SBR : Nos équipes et nous-mêmes. Autrement dit, ce que nous avons de plus précieux à offrir : du temps et de la matière grise !

TGB : Nous accompagnons bien volontiers importateurs et revendeurs par différents évènements, en présentiel ou en visio : formation interne, masterclass pour les sommeliers ou cavistes, diners premium pour leur clientèle… En parallèle, nous avons à leur disposition de nombreux supports de communication à leur disposition : photothèque, fiches techniques, etc… 

G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?

SBR : J’ai un faible en ce moment pour nos 2011 et 2012, qui se dégustent superbement et ont encore 20/30 ans devant eux. En termes de complexité et d’intensité pures, c’est vers 2015 et 2016 que devraient se tourner nos regards. 2018 et 2019 sont également très prometteurs, quoi qu’encore à un stade embryonnaire. Mais si nous parlons de plaisir pur et immédiat, je dirais qu’il faut en ce moment déguster des 1989, 1990, ou pour les plus chanceux des 1959 ou des 1961. Angélus a une fascinante capacité de vieillissement.TGB : Je ne sais pas si on peut parler de l’intérêt du marché, mais plutôt de celui du palais. Chacun aura sa préférence pour un millésime qui lui correspond le mieux, en fonction de ce qu’il recherche. Ceci-dit, un millésime comme 2014 se montre aujourd’hui sous un très beau jour. Il se révèle être un choix intéressant pour celui qui souhaite découvrir un millésime à la fois approchable, tout en conservant un potentiel de garde évident.

G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?

SBR : Bien sûr, celles-ci rythment d’ailleurs la vie de la propriété aussi sûrement que les travaux des vignes. La mise en marché du millésime 2021 se fera d’ici peu, tout comme celle de Tempo d’Angélus 2020, ou encore le second millésime « Hommage à Elisabeth Bouchet » (2018) qui n’est produit que dans les grands millésimes de Cabernet Franc.

TGB : Nous avons sorti nos primeurs 2021, comme tous les ans, à la suite de la semaine de dégustation organisée à Bordeaux fin avril. 

G : Avez-vous des stocks que nos clients pourraient travailler ?

SBR : Une de mes premières décisions lors de mon arrivée à la propriété il y a 10 ans a été de
reconstituer notre stock qui avait atteint des niveaux historiquement bas. Nous disposons à l’heure actuelle d’un stock assez faible, mais qui nous permettra cependant de procéder ponctuellement à des mises en marchés de millésimes anciens avec quelques partenaires de qualité, dont fait partie la maison Roland Coiffe & Associés.

 

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La bouteille de coeur

 

Gerda: Si vous aviez une bouteille de coeur ?

Stéphanie de Boüard-Rivoal : Voilà un choix cornélien… Eh bien, ce serait sans doute un Champagne de la famille Selosse, pour laquelle j’ai à la fois de la sympathie et de l’admiration. Un 2002, en attendant que l’immense 2008 soit à maturité ?

Thierry Grenié-de Boüard : Difficile de choisir une seule bouteille, mais probablement un Angélus 1953 vinifié et offert par mon grand-père Christian.


Les vins dégustés 

 

Le 6 avril dernier, Roland et moi étions reçu par la Directrice Déléguée à la Distribution et à la Représentation d’Angelus, Bong Grelat-Tram, qui nous a présenté avec enthousiasme et passion : Carillon et Angélus 2021.

Carillon d’Angélus 2021 : 80% merlot, 20% cabernet franc

Ce vin porte la trame d’Angélus avec une accessibilité plus avancée. Il a des beaux arômes, une belle fraîcheur et il est appétant.

Château Angélus 2021 : 57% cabernet franc, 43% merlot

Au premier abord, c’est la minéralité et la craie de crayon qui sortent. Le vin a un très bel équilibre et est aérien mais n’a rien perdu d’une belle structure verticale en milieu de bouche. C’est la grande classe des cabernets francs sur un terroir exceptionnel. Bravo à toute l’équipe que Hubert de Boüard sait motivé avec dynamisme.

Bong Grelat-Tram

Directrice Déléguée à la Distribution et à la Représentation d’Angélus – Marchés Asie, Royaume-Uni et Afrique

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.