Inside La Place – Faire Pauillac made in Pichon Comtesse

Nicolas Glumineau

Directeur Général

En poste depuis 2012

Rencontré par Gerda au Château

Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande

2ième Grand Cru Classé de 1855

Pauillac


 

Gerda : Parlez-nous de vous…

Nicolas Glumineau : Voici ma philosophie personnelle : je m’inspire du passé et de la terre pour imaginer les vins de demain. Je progresse avec humilité, plaisir et passion. Comme Socrate a dit : « je sais une chose, c’est que je ne sais rien. »

Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?

Nicolas Glumineau : Trouver l’équilibre dans toute chose. Il faut le trouver dans le vin mais aussi entre la vie professionnelle et personnelle. La vie est un funambule.


La vendange 2021

 

Gerda : Comment se sont passées vos vendanges? 

Nicolas Glumineau : Depuis 10 ans on a fait un gros travail de restructuration du vignoble. Nous arrachons 4 hectares tous les ans que nous laissons en jachères pendant 3 ans avant de les replanter, pour 2 raisons : 

  • Le choix de cépage : Pichon Comtesse était toujours perçu comme un Pauillac féminin par sa grande proportion de merlot. Mais le terroir et ce cépage n’étaient pas toujours bien « matché ». Le merlot n’était pas toujours à sa place. Nous avons donc planté plus de cabernet sauvignon. A la fin de ce programme de restructuration, nous aurons entre 65 à 70% de cabernet sauvignon, 20 à 25% de merlot et 10% de cabernet franc. Le challenge est de rester Pichon Comtesse avec plus de cabernet sauvignon !
  • La conversion en bio : le millésime 2021 est le premier millésime certifié. Aujourd’hui, nous sommes 100% Bio, dont 40% en biodynamie répartis comme suit : 1/3 en jachère, 1/3 en jeunes plantes et 1/3 de vignes en production.

C’était une grande évolution dans nos mentalités pour arriver à une viticulture bio pour tout le domaine. Grâce aux beaux temps, les millésimes 2018, 2019 et 2020, pendant lesquels nous avons utilisé 95% des produits bio ou bio-contrôle, se sont passés sans problèmes. Début 2021, nous sommes passés en 100% bio. Nous sommes toujours convaincus de le faire, c’est un processus que nous avons débuté pas à pas il y a 10 ans déjà, à la faveur de plan de replantation. Nous n’avions cependant pas imaginé la suite en 2021. Je n’ai jamais vu une crise aussi grave dans les vignes. La météo était capricieuse, nous avons eu de la coulure, un manque de main-d’œuvre, puis une pression mildiou inédite… Le bio demande de gros travaux dans les vignes et souvent en petites opérations. C’était un traumatisme pour toute l’équipe de produire si peu. Le sentiment d’un an de travail pour rien. Heureusement, nous sommes très heureux des vins produits. Peu mais très bon !!!

Le Groupe Roederer (propriétaire de Pichon Comtesse) a fait un bilan carbone sur tous ses vignobles en juin 2021. C’était un travail très important grâce auquel nous avons appris des choses. Je crois en l’agronomie, la vie des sols et l’équilibre dans la plante dans son environnement. Mais pour le Bio, il faut s’interroger sur l’application d’une charte moins radicale, avoir plus de réflexion comme en Allemagne et en Autriche. Même si notre idée est de continuer dans cette voie, nous devons éviter une nouvelle déception : en 2021 nous avons perdu 70% de notre récolte, seulement 15hl/ha ont été récoltés.


La marque Pichon Comtesse aujourd’hui et demain

 

Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?

Nicolas Glumineau : Nous souhaitons être considérés parmi les meilleurs vins au monde et toujours être devant : « super second » n’est pas assez. Il faut rester humble mais ambitieux. Nous gardons en tête que Pichon Comtesse doit être bu, car le meilleur outil marketing est une bouteille vide !

: En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?

NG : Pichon Comtesse est un vin qui inspire équilibre et élégance, mais qui révèle ses origines de Pauillac, encore plus aujourd’hui que dans le passé. Je dis souvent : « faire un Pauillac made in Pichon Comtesse ». Il a une sensualité noble, de la suavité, de la densité et une intensité minérale. La densité n’est pas masculine ou agressive. L’équilibre doit se trouver dans l’acidité et l’alcool et la concentration dans la densité tannique. Le challenge est de faire un vin qui peut être bu après 6 ans et qui a aussi la capacité de vieillir. On trouve cela dans l’équilibre du vin, tension et délicatesse.

Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?

NG : La certification en bio de notre millésime 2021. Ce n’est pas le but de le mettre sur l’étiquette car c’était une évolution intrinsèque. De plus, les grands amateurs n’attendent pas de Pichon Comtesse qu’il soit bio. Nous l’avons fait par conviction non pas pour le marketing.

: Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?

NG Nous sommes toujours en mouvement :

  • Au niveau de la propriété, nous avons planté 1 hectare de blanc en 2020. Cette année, en avril/mai nous planterons 3 hectares. Je ne peux pas trop vous en parler, la seule chose que je peux dire c’est que cela ne sera pas un vin blanc de Bordeaux.
  • Au niveau des bâtiments, après 7 ans de travaux tout est enfin achevé : nous avons refait le cuvier, le chai, les bâtiments vinicoles et les bureaux. Nous sommes prêts pour écrire une nouvelle page de Pichon Comtesse.
  • Au niveau du marketing nous avons refait notre site internet : sa signature est « le vin est une civilisation ». Ce site est magnifique, artistique mais aussi clair et éducatif en expliquant des termes de vinification.

 

 


Le commerce

 

Gerd: Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ? 

Nicolas Glumineau : Nous sommes distribués dans 80 pays. C’est une distribution très éclatée. L’ancienne propriétaire Mme de Lencquesaing a fait énormément de chose pour la marque ; à commencer par de grands millésimes qu’elle a promu partout dans le monde. Il faut lui rendre hommage comme à Bruno Prats, Jean-Michel Cazes, Anthony Barton et Thierry Manoncourt. Ils nous ont appris qu’il fallait se déplacer afin d’aller à la rencontre de nos marchés. Nous devons connaître les consommateurs finaux et être connectés à la réalité.

G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ? 

NG : Notre site, nos réseaux sociaux… Notre Directeur Commercial & Marketing Charles Fournier et moi-même nous déplaçons beaucoup pour des manifestations dîners et autres évènements promotionnels. 

G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?

NG 2017 : ce Pichon Comtesse est très bon. Nous n’avions pas été touchés par le gel et toute la saison s’était bien passée. En 2013, le nouveau cuvier a été opérationnel et il faut toujours 3, 4 ans pour se servir de façon optimale d’un nouvel outil et 2017 a été l’aboutissement ! Nous avons construit ce millésime comme nous le souhaitions. Je suis très fier de ce 2017.

G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?

NG : Nous vendons environ 85% de notre récolte tous les ans en Primeur. Cela nous donne la possibilité de faire ensuite des mises en marché régulières mais nous attendons au moins 5 ans. Nous laissons La Place faire son travail en premier lieu, puis nous alimentons pour faire vivre la marque. Nous songeons à quelques mises en marché, mais pas avant la fin d’année, plutôt en 2023. Nous nous tenons toujours prêts à étudier des demandes spécifiques que Charles suit.

Site Internet


La bouteille de coeur de Nicolas Glumineau

Gerda : Si vous aviez une seule bouteille de cœur ? 

Nicolas Glumineau : En ce moment l’excellent 2017 !

 


Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.