Inside La Place – L’homme qui innove

Laurent Fortin

Directeur Général

En poste depuis 2013

Rencontré par Gerda au Château

Château Dauzac

5ième Grand Cru Classé de 1855

Margaux


 

Gerda : Parlez-nous de vous…

Laurent Fortin : Je suis un entrepreneur du vin. Comme je dis souvent :  « I am not in the wine business, I am in the business of wine ». Je suis tombé amoureux de cette propriété qui offre une belle quiétude et une vraie sérénité. 

Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?

Laurent Fortin : J’aime les défis. Le plus important est pour moi de connaître notre distribution, de pouvoir la comprendre mais pas de la maîtriser dans le sens direct du terme. La Place de Bordeaux est un outil superbe et incomparable en terme de distribution et de capillarité. Cependant, l’opacité de la destination de nos vins est frustrante pour moi qui aime « marketer » et communiquer auprès du consommateur. C’est le plus gros challenge pour moi.


La vendange 2021

 

Gerda : Comment se sont passées vos vendanges? 

Laurent Fortin C’était des vendanges compliquées, d’une part du fait de la distance physique nécessaire pour protéger nos équipes contre la Covid-19. Nous avons fait très attention aux collaborateurs, c’est une de nos priorités dans la politique de RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise) que nous avons mis en place. D’autre part, le temps n’a pas été incroyable, il y a eu beaucoup de pluie mais nous avons finalement bien géré.


La marque Dauzac aujourd’hui et demain

 

Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?

Laurent Fortin : Nous voulons que Dauzac reste un vin de consommation. Notre objectif n’est pas d’augmenter les prix tous les ans. Le nouveau propriétaire, Christian Roulleau et moi, avons eu beaucoup de réflexion à ce sujet. Nous avons décidé que nos prix ne doivent jamais être inférieur à 25€ HT/bouteille lors de la mise en marché auprès du négoce. Nous produisons environ 120 000 bouteilles par an et nous souhaitons que Dauzac continue d’être bu avec plaisir et que le cru soit d’un excellent rapport qualité et valeur. 

: En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?

LF La trame de Dauzac provient de son magnifique plateau de Labarde, juste en face du Château. Le vin est le plus Saint-Julien de Margaux et le plus Margalain de Saint Julien. Il a un équilibre et une grande buvabilité.

Cette buvabilité est très importante pour moi car le consommateur d’aujourd’hui boit Dauzac quelques heures après son achat en magasin. D’autres consommateurs attendent la maturité : nous sommes donc accompagnés par des sommeliers pour affiner ce sujet de buvabilité qui est d’une grande importance.

: Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?

LF : L’accueil de nos clients dans la nouvelle Chartreuse. Les travaux ont commencé en mars et seront finis en 2023, quand tout sera derrière nous : la pandémie et cette horrible guerre ! Nous pourrons alors recevoir nos clients les plus prestigieux en parfaite symbiose avec le domaine.

: Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?

LF : Nous faisons une viticulture la plus vertueuse possible en respect total de la biodiversité et de la biodynamie. Nous allons même plus loin que la certification. Par exemple, nous utilisons beaucoup moins de cuivre que la dose recommandée et nous traitons les vignes aux algues. Nos vins sont 100% végans, nous sommes cohérents avec la stratégie que nous avons mis en place.


Le commerce

 

Gerd: Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ? 

Laurent Fortin Quand j’ai commencé en 2013 nos vins étaient distribués à 80% en France et 20% à l’export. Aujourd’hui, c’est le contraire : 87% à l’export dans 35 pays, et 13% en France. Je suis content de cette distribution.

En France, c’est important d’être chez de bons cavistes et sur de belles tables. Quant à l’export, je suis prêt à revoyager et à être 3 à 4 mois par an chez les clients de Dauzac comme je faisais avant la pandémie sous-forme de winemaker’s dinners, master-classes. C’est important d’expliquer ce que nous faisons à nos clients et les voyages sont toujours très inspirants. Nous faisons, par exemple, des packaging spéciaux pour nos clients en fonction des diverses demandes. Il faut être à l’écoute des besoins des consommateurs et être innovant ! Pour moi  » The Sky is the Limit » (le ciel est la limite) !

G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ? 

LF Nous avons un site internet et nous sommes présents sur tous les réseaux sociaux. L’œnotourisme est important pour nous. Avant la pandémie nous recevions 7000 visiteurs.  Nous avons publié la 3ème édition de notre magazine Millezine qui est édité en 5000 exemplaires.

L’avenir pour Dauzac en matière de communication sera un mélange entre du digital, avec les nouvelles technologies, et du physique avec un ancrage dans son terroir. Le digital ne remplacera jamais la visite du lieu unique : le terroir ne peut pas s’exporter. Il faut faire le lien entre les deux avec le marketing, la communication et l’accueil sur la propriété.

G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?

LF : Mon premier millésime était le 2013, un millésime compliqué mais qui donne rapidement du plaisir. Les millésimes 2015 et 2019 sont les plus aboutis avec le 2019 qui a été le plus grand jamais fait à Dauzac à ce jour !

G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?

LF : Non, tout le monde le fait donc pas moi. J’ai créé une cuvée Franc de Pied : 100%  cabernet sauvignon. Cette cuvée est issue d’une parcelle d’un hectare, sans porte-greffe et élevée en dolia (amphores de 3 hectolitres fabriqués au Pays Basque). En faisant des tests de résistivité électrique, comme nous faisons sur tous nos terroirs pour mieux les connaître, il est apparu qu’une parcelle d’un peu moins d’un hectare, composée de graves très fines où nous avons estimé que le phylloxéra ne pourrait pas s’installer, pouvait être propice à la plantation de vignes en franc-de-pied. Le premier millésime a été 2021. Nous avons vendu à nos clients directement. Pour les prochains millésimes nous allons la proposer à nos négociants partenaires les plus proches et Roland Coiffe sera parmi eux.

Site Internet


Les vins dégustés

 

L’interview avec cet homme innovant qui a 100 idées par jour, finit par une belle dégustation des 3 derniers millésimes.

Château Dauzac 2019 : 73% cabernet sauvignon, 27% merlot, élevé à 65% en barriques neuves pendant 16 mois

Beaux arômes profonds. En bouche tout est en place. Des tannins soyeux et enrobés qui sont pour moi une grande typicité de ce millésime exceptionnel. La finale est longue sur une fraîcheur tonique. Très beau vin…. Laurent a raison, certainement un des plus grands jamais fait à Dauzac.

Château Dauzac 2020 : 72% cabernet sauvignon, 28% merlot, élevé à 60% en barriques neuves pendant 14 mois

C’est aussi un vin superbe qui s’exprime mais, à ce stade, moins que 2019. Il est déjà équilibré et complexe mais plus sur la retenu.

Château Dauzac 2021 : 70% cabernet sauvignon, 30% merlot, élevé à 60% en barriques neuves

Le vin a été assemblé le 24 janvier. L’équipe a raison de faire un élevage avec moins de barriques neuves car le millésime est délicat. L’équilibre est présent, il est croquant avec une jolie structure gourmande. Il mérite d’être savouré avec plaisir !


Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.